Un asile bleu https://asilebleu.journalintime.com/ fr 2019-09-13T16:41:22+02:00 https://asilebleu.journalintime.com/Vendredi-13-septembre-2019 Vendredi 13 septembre 2019 Je ne sais pas vraiment pourquoi je continue à voir ce psy. Les séances se déroulent systématiquement de la même manière : je l’installe dans la salle d’attente. Il sort de son cabinet, serre la main du patient précédent, se tourne vers moi, me salue, me serre la main et m’invite à entrer dans son cabinet. Une fois à l’intérieur, je m’installe et je me mets à dire tout ce que j’ai sur le cœur, à raconter toutes sortes de souvenirs. Et lui, il m’écoute. C’est bien là le problème : il ne fait que m’écouter. Parfois, il pose une question qui devrait Je ne sais pas vraiment pourquoi je continue à voir ce psy. Les séances se déroulent systématiquement de la même manière : je l’installe dans la salle d’attente. Il sort de son cabinet, serre la main du patient précédent, se tourne vers moi, me salue, me serre la main et m’invite à entrer dans son cabinet. Une fois à l’intérieur, je m’installe et je me mets à dire tout ce que j’ai sur le cœur, à raconter toutes sortes de souvenirs. Et lui, il m’écoute. C’est bien là le problème : il ne fait que m’écouter. Parfois, il pose une question qui devrait m’aider à guider mes réflexions. Mais à aucun moment il ne fait un diagnostic ou me donne une piste pour aller mieux. C’est pour cette raison que j’avais interrompu ces consultations pendant de nombreuses années : j’ai vraiment l’impression qu’elles ne débouchent sur rien. J’envisage de les arrêter et de me tourner vers d’autres thérapies. Et puis, je connais la source de tout ce mal. Je la connais depuis que j’ai douze ans : c’est à cet âge que j’ai vu mon premier psy. Avec ma sœur Sarah, on devait le voir tous les mercredi, l’un après l’autre. Elle a su évoluer dans le bon sens, devenir une personne forte et affirmée. Si elle se pose encore des questions, elle n’en laisse rien paraître. On ne peut en dire autant de moi : je suis régulièrement assailli d’angoisses et d’un vague sentiment de culpabilité. Comme si la disparition de mon frère était de ma faute : pourtant, il n’en est rien. Mais j’ai toujours eu l’impression que j’aurais dû disparaître à sa place, car il me paraissait plus fort et bien plus intelligent que je ne le suis. Je me demande parfois s’il est vivant quelque part, et je sais que cette question hante aussi nos parents.

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https://asilebleu.journalintime.com/Doudous Jeudi 8 août 2019 Nous sommes allés marcher sur les quais après le travail. L’air était encore lourd, et le ciel couvert. Mais c’était agréable après avoir passé la journée assis devant un ordinateur, cette balade nous a permis de nous changer un peu les idées, de nous dégourdir les jambes. Elodie a ramassé le doudou d’un enfant et a couru après la mère pour lui le rendre. Ça m’a rappelé le jour où ma sœur Sarah avait perdu le sien : elle hurlait, pleurait, comme si son meilleur ami venait de mourir. Et nos parents s’étaient démenés pour le retrouver, sans succès. Elle avait 4 Nous sommes allés marcher sur les quais après le travail. L’air était encore lourd, et le ciel couvert. Mais c’était agréable après avoir passé la journée assis devant un ordinateur, cette balade nous a permis de nous changer un peu les idées, de nous dégourdir les jambes. Elodie a ramassé le doudou d’un enfant et a couru après la mère pour lui le rendre. Ça m’a rappelé le jour où ma sœur Sarah avait perdu le sien : elle hurlait, pleurait, comme si son meilleur ami venait de mourir. Et nos parents s’étaient démenés pour le retrouver, sans succès. Elle avait 4 ans.
C’est drôle, cet attachement que l’on peut avoir enfant à une peluche : elle devient une confidente, une défenseure, une compagnonne d’aventure. Elle revêt une personnalité propre à elle, possède des goûts et même quelques pouvoirs magiques. Enfin, elle n’appartient qu’à nous. C’est un ami que l’on ne partage pas. Je me souviens encore de celle qui me servait de doudou, une souris grise avec une sorte de bonnet de nuit. J’ignore si mes parents l’on gardé ; et moi, je ne m’encombre pas de ces vieilleries. Avec le temps, un attachement sentimental et nostalgique peut perdurer, mais les yeux d’adulte ne se laissent plus tromper par un objet inanimé. La peluche est toujours là, mais l’ami à l’intérieur d’elle n’est plus. Pour moi, il n’y a pas d’intérêt à conserver ces vestiges du passé. La place ainsi libérée revient à d’autres choses. Elodie est plus sentimentale, et nous avons chez nous quelques souvenirs de ses jeunes années. Je devine aussi qu’elle commence à songer à fonder une famille. Je n’en suis pas encore au même point ; j’ai l’impression d’avoir encore des choses à régler, je ne voudrais pas imposer mes problèmes à cet enfant. Tout se passe comme si une partie de moi-même n’était pas encore disponible pour ce projet.

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